Installation réalisée en 2022
Dialogue en duo
T’AS DIS QUE TU M’AIMAIS Lorsque l’amour celui qui nous transcende devient un enfer Lorsque le lien si fort qui nous unis devient chaine Lorsque « Tu m’as juré, tu m’as cassé la gueule T’as dit que tu m’aimais, tu m’as cassé la gueule Aujourd’hui je m’en vais, je pense à ma gueule N’insiste pas, c’est ce que tu me disais tous les jours Ce que je voulais c’était ton amour N’insiste pas quand je t’empêche de poser tes mains sales sur moi N’insiste pas t’es dangereux, putain tu cachais bien ton jeu N’insiste pas c’est terminé » Source : LyricFind / Paroliers : Camille Lellouche / Meir Salah / Yaacov Salah /Paroles de N’insiste pas © Madyv Editions, Meya Music / Nous voulions à travers les mots de C.LELLOUCHE M.SALAH et Y.SALAH dénoncer les violences conjugales. Une manière de rendre visible ce que l’on passe sous silence. En France en 2020 il y a eu 159 400 victimes dont 139200 femmes, violences conjugales ont encore augmentées de 10% par rapport à 2019. Françoise GUINVARC’H Graveur – Plasticienne Patricia ALLAIS-RABEUX Aquarelliste – carnettiste Avec la participation de Barbara DELANOE Maquilleuse spécialisée dans les trucages cinématographiques Mathilde RABEUX Photographe |
Les prémisses de cette création en duo
FRANCOISE Depuis le mois de mai, je travaille avec Patricia pour une installation au château de La Roche Guyon. Nous avons répondu à l’invitation de l’association Oksébô sur le thème “Je vous aime”. Au départ, ce sujet me semblait un peu, comment dire … Après réflexion, nous avons choisi une direction particulière, guidées par les paroles de la chanson interprétée par Camille Lellouche, intitulée “N’insiste pas“. « Tu m’as juré, tu m’as cassé la gueule T’as dit que tu m’aimais, tu m’as cassé la gueule Aujourd’hui je m’en vais, je pense à ma gueule N’insiste pas, c’est ce que tu me disais tous les jours Ce que je voulais c’était ton amour N’insiste pas quand je t’empêche de poser tes mains sales sur moi N’insiste pas t’es dangereux, putain tu cachais bien ton jeu N’insiste pas c’est terminé » Nous avons eu à cœur de jouer ” les duos”, Patricia et moi-même, en nous aidant aussi de compétences extérieures (maquillage et photographie). |
PATRICIA
OKSEBO, c’est une occasion unique de voir les artistes présenter un travail qui sort de leur zone de confort.
Personnellement, c’est la première raison pour laquelle j’aime travailler pour OKSEBO.
C’est la seconde fois que je participe. Nous avions parlé des attentats avec Marc Kraskowski
Le duo pour moi c’est appendre de l’autre. Nous avons tous besoin d’échanger pour grandir.
Lorsque l’appel à candidature est paru, j’ai immédiatement pensée à Françoise. Parce que malgré, qu’elle utilise la même technique que moi l’aquarelle, son langage est à l’opposé du mien. Et, aussi parce que Françoise c’est une copine, moi, je ne travaille qu’avec des gens sympathiques.
J’ai un peu eu du mal à la convaincre, elle ne voulait pas, parce qu’elle est en train de préparer son déménagement et aussi, et puis ça aussi … Parce qu’elle en a, également, un peu ras le bol des salons. Mais OKSEBO ce n’est pas un salon dans le sens classique du terme
Le thème : trouver une idée
PATRICIA :
!!! ??? « La blague » pardon cher organisateur Mais là on a séché pendant un moment. Même si c’est vrai Je vous aime vraiment
J’en ai fait des croquis bizarres
Des croquis et des tests pour représenter le cœur sans être dans « le trop jolie ».
Et puis à force de s’appeler et d’échanger avec Françoise nous avons décidé de parler de l’amour qui fait mal.
FRANCOISE : Patricia a fini par me convaincre de travailler avec elle pour le projet ” je vous aime ” sur la proposition de l’association Oksébô. C’est la première fois que je participe à cette exposition de création contemporaine. Ce qui m’a plus, c’est avant tout l’idée du DUO dans des techniques différentes si possible. Patricia et moi, nous sommes rencontrées lors de festivals d’Aquarelle, que nous travaillons très différemment aussi bien en technique que sur nos sujets ; Le défi était donc de taille, à tous les points de vue : il nous fallait peindre ensemble et prendre en compte les dimensions peu ordinaires nécessaires à occuper un très grand espace au château de La Roche Guyon. Il y a quelques années, |
j’ai déjà peint en très, très grand pour créer “Le chant des arbres ” dans un autre château. Depuis, je me suis initiée à la gravure et pendant le confinement, j’ai eu le temps d’explorer dans mon atelier différents supports. Pour “n’insiste pas “, j’ai proposé à Patricia de graver un lino qui me servirait à créer un certain nombre d’estampes que nous pourrions associer à notre peinture ainsi qu’aux photographies et notre installation complémentaire au sol dans l’idée d’un tapis dans le salon d’une maison. Me voici armée de mes gouges avec comme support des croquis préalables que j’ai délibérément voulus sobres, très lisibles et très symboliques.
La difficulté
PATRICIA :
Nous voici donc avec Françoise devant une difficulté de taille : Comment image-t-on la violence conjugale ?
Nous avons beaucoup échangé avec Françoise sur cette question. Le fil de nos messageries numériques est considérable. Les idées ont fusé de toutes parts et en désordre. Les bonnes, les moins bonnes, les inutiles aussi. Avec une partie verticale en quinconce pour suggérer la beauté de l’amour et une seconde posée au sol pour imager la violence. A ce moment-là nous réalisons un croquis pour proposer notre candidature à la commissaire d’exposition d’OKSEBO.
Puis nous avons encore beaucoup échangé sur le comment imager, peindre, dessiner, montrer ce lien si beau qu’es l’amour mais qui « parfois* » devient un lien nocif. (* mais encore trop souvent.)
Nous avons alors posé trois grands postulats que nous devions symboliser pour que la lecture de notre installation soit claire.
– Parler du lien « amour » qui unit les couples,
– Puis montrer que ce lien amoureux devient un lien nocif, – Et enfin figurer la violence
Les symboles que nous avons choisis d’utiliser
FRANCOISE :
Comme l’arbre, l‘amour prend racines et grandit au fil du temps.
Les liens créés deviennent solides et rassurants à moins qu’ils ne deviennent nocifs.
Pour marquer un peu plus notre démarche, nous avons fait appel à une maquilleuse et une photographe professionnelles.
PATRICIA : Nous avons d’un commun accord et sans trop y réfléchir choisi l’arbre pour symboliser le lien. Sans doute parce que nous avons toute les deux abordé ce thème auparavant et chacune à notre manière. Le nœud de l’arbre pour y suggérer un cœur. Je voulais faire un véritable cœur un peu comme un dessin médical. Mais Françoise a trouvé l’idée trop brutal et trop anatomique. Nous voulions aussi faire aller de l’œuvre à l’installation de véritables lianes, de la corde ou des chaines. Pour accentuer le lien qui emprisonne. Mais nous n’avons pas conservé cette idée lors de l’installation. Pour la violence, j’ai pensé qu’une image valait mieux qu’un symbole aussi j’ai proposé à Françoise de nous faire maquiller et photographier. Cette idée m’est venue grâce à ma nièce qui a fait des études de maquillage cinématographique |
la réalisation
PATRICIA :
Nous voilà donc réunies pour la réalisation de la peinture qui sera suspendue derrière l’installation.
Afin de ne pas avoir à faire trop de trajets. Nous avions également invité la maquilleuse et la photographe.
Connaissant très bien le très beau travail d’aquarelliste de Françoise mais sachant aussi combien il est à l’opposé du mien. J’ai un peu peur de me noyer ! Le lâcher- prise en peinture ce n’est pas trop mon truc.
Aussi après avoir fait un dessin très rapide sur cette grande superficie blanche (4 mètres 50 sur 3 de haut) je laisse Françoise commencer. Je peindrai ensuite lorsque la base sera mise en place.
J’ai appris beaucoup en regardant Françoise peindre, c’est ce qui m’intéresse dans les DUOS, me confronter à l’autre.
Même si, demain, dans ma pratique personnelle rien ne changera… mais qui sait, peut-être…
Vient le temps du maquillage et des photographies.
Nous ne nous sommes pas vues nous-même maquillées. J’ai vu Françoise et bien sûr Françoise m’a vue. La surprise fût de taille lorsque j’ai reçu les photographies, tellement réalistes que j’ai répétée 50 foies à l’imprimeur que c’était du maquillage
FRANCOISE
En mai, fais tout ce qui te plaît :
Sur l’invitation de Patricia qui dispose d’un très grand local, j’ai chargé ma voiture de romanichelle surtout « n’oublie pas ton pyjama » ! (Je dors toute nue !)
Un week-end de peinture, de questionnements encore et encore … Mais surtout d’écoute et d’amitié nous a permis d’avancer sérieusement, mêlant, aquarelle, gravure et texte.
Nous n’étions pas toujours d’accord mais avons su prendre le temps de nous comprendre.
Moi, je peins dans l’eau, c’est mon élément. Patricia a failli se noyer quand elle était enfant
L’installation
FRANCOISE
En mai, fais tout ce qui te plaît :
Sur l’invitation de Patricia qui dispose d’un très grand local, j’ai chargé ma voiture de romanichelle surtout « n’oublie pas ton pyjama » ! (Je dors toute nue !)
Un week-end de peinture, de questionnements encore et encore … Mais surtout d’écoute et d’amitié nous a permis d’avancer sérieusement, mêlant, aquarelle, gravure et texte.
Nous n’étions pas toujours d’accord mais avons su prendre le temps de nous comprendre.
Moi, je peins dans l’eau, c’est mon élément.
Patricia a failli se noyer quand elle était enfant.
Le temps de l’installation
Françoise
Le grand jour de l’installation est enfin arrivé. Nous étions un peu inquiètes : Et si nos plans ne fonctionnaient pas ?
Accrochage….
Le camion est chargé de notre travail de peinture, gravure mais aussi de mobilier et de fougères destinées à matérialiser au sol, le tapis d’un salon.
Une fois les peintures accrochées, ce qui a été assez compliqué, à 5 mètres de hauteur et l’interdiction de faire des trous dans les murs, nous nous sommes occupées à recréer l’ambiance que nous avions à l’esprit : ceci nous semblait simple et pourtant…
Le mobilier disposé, les photos placées de ci de là, les fougères et les gravures couchées au sol. Oui, mais cela ne fonctionne pas : tout est trop rangé pour une scène de ménage.
Il nous est pour l’instant impossible de faire mieux.
Nous décidons d’une pause déjeuner pour nous rafraîchir les méninges.
A notre retour, les choses s’imposent.
Il faut tout casser !
Nous Bousculons, renversons, froissons, cassons….
Le tour est joué ! nous sommes enfin satisfaites. Reste à voir si le public comprend notre mise en scène.
Heureusement, Patricia a un échafaudage Et pas le vertige
PATRICIA :
Je suis une fille rangée mais pas si sage
J’étais très inquiète, et je tentais de le cacher du mieux que je pouvais à Françoise.
Lorsque l’on peint dans son atelier, si cela ne marche pas on le voit ou le sent et on déchire.
Pour une installation c’est complètement différent : on ne peut pas savoir à l’avance si ce que l’on a projeté, imaginé, rêvé marchera, car l’on ne l’a pas encore vu nous-même. Et pas de seconde chance et pas de déchirure possible. C’est là ! C’est dans le catalogue et nous avons communiqué auprès de tous.
De plus, nous n’avons qu’une journée et la dernière. Les autres années j’avais pu prendre de la marge pour rectifier le tir si besoin. Pas cette fois.
Dans mon idée, je voulais que les photographies soient dans l’ordre (de la rencontre à l’absence), et alignées pour une meilleure compréhension. Mon côté ordonné.
Mais Rose Coogan la commissaire de l’exposition et surtout Françoise m’ont fait comprendre qu’en art il ne faut tout donner à lire, il faut que le spectateur aille à la recherche, et rentre dans notre œuvre.
Après le déjeuner, bien mérité et donc avec un œil neuf, nous avons tout chamboulé. « OKSEBO c’est déménager ».
J’ai appris. MERCI L’échafaudage est resté dans la voiture car trop petit.
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