France, Pays de Bray

CHEZ MARTINE ET MATHILDE

traduction anglaise Christine Béthune en fin d’article

Cette après-midi, j’ai été boire un verre chez Martine et Joël  Au Saint-Laurent. J’ai partagé deux petites heures avec Martine la patronne et Mathilde sa petite fille. Deux petites heures, parce que bien trop courtes. Je reviendrais.
Martine est une sacrée femme. Cela fait 28 ans qu’elle sert dans son bistrot de campagne.
Moi : « Bientôt la retraite »
Martine : « si je prends ma retraite, je vais m’ennuyer. À part si je trouve un homme qui m’emmène à Miami [sourires]. Et pis, en fait, même pas, parce que si je pars qu’est-ce que je vais faire de mes chiennes … « heim ! les fifilles je vais pas vous laisser. »
« Je n’ai fait qu’une fille aussi, je n’ai gagné qu’une année de retraite, j’aurais dû faire comme ma mère … elle a eu 13 enfants. »

Mais en fait Martine, elle ne veut pas quitter son bar et sa maison. Elle y est bien. Et moi aussi j’y étais bien de ce bistrot où l’on peut encore se parler.  

Martine est fan, et ce n’est rien de le dire de Johnny. «  Quand je fais un café, il est là ».  D’après elle Johnny est un sacré homme et elle l’aurait bien épousée « ce mec ». Et en effet dans son bistrot les photos, livres et magazines de Johnny prennent autant de place que les photographies de ses parents et de sa petite fille Mathilde.
 
La décoration de ce bar n’a rien à disputer aux grands designs des brasseries des grandes villes. Parce que chez Martine cela respire la simplicité, l’authentique, la bienvenue. Ici les cartes postales reçues au fil des ans, là les plantes vertes, toile cirés unis sur les quelques tables, le baby-foot et le billard.
Moi «  Un café de campagne, il n’y en plus beaucoup ? Ce n’est pas trop difficile, parce qu’il n’y a pas grand monde ?
 
Presque plus personne ne vient, sauf peut-être, un peu, le week-end : « Avant les gens venaient, ils jouaient au 421 ou à la ballote de comptoir … et hop une tournée. »
Moi : «  Depuis quand les gens ne viennent plus ?
Martine : « Depuis l’euro. »
 
Mathilde vient tenir le bar lors des soirées , parce que « les gens ils sont trop vicieux, il profitent du fait qu’elle est seule pour ne pas payer . »
 
Martine : « Moi, j’adore mon métier, mais il faut être deux »
Moi : «  ce sont vos parents sur la photo en noir et blanc ? »
 
Sur la photo, ma mère elle devait avoir 16 ans. Elle a eu trois maris et 13 enfants : « quand j’étais petite je ne comprenais pas pourquoi Papa il était avec une autre femme, et Maman avec un autre monsieur » «  A l’époque on ne posait pas de questions et surtout on ne nous répondait pas. Les enfants n’avaient pas droit à la parole »
Mathilde : « moi, aujourd’hui les enfants ils me choquent, ils disent trop de gros mots, et ce n’est pas beau, dans la bouche de personne. Ils ne se respectent pas même entre eux. » ( Pourtant Mathilde n’a que 22 ans).
 
Mathilde a vécu longtemps chez sa grand-mère.
Martine : « Les gens ils m’ont critiqué … (soupirs) »
Mathilde : «  et pis un bar c’est pas facile tout le monde veut se mêler de notre vie »
 
Mathilde m’a promis de m’envoyer un message lors de sa prochaine soirée Billard. Je compte sur elle. Et j’espère vraiment être disponible.    

AT MARTINE AND MALTHIDE’S

This afternoon, I had a drink at Martine and Joël’s café, the ‘’Saint-Laurent’’. I spent two little hours with the owner Martine and her grand-daughter, Mathilde. I say only two little hours, because they seemed too short to me.

What a woman Martine is!  She has been working in her bar for 28 years now.

I : Retirement is coming soon?

Martine: I’ll be bored when retired. Except if I find the man that will take me to Miami (smile). Indeed what am I going to do of my dogs If I go?

– eh, fifilles, I will not leave you,

–  aldo, I only had one daughter which gave me just one additional retirement year, I should have had 13 children, like my mother …

Martine’s dream is sun but in fact she doesn’t want to let her coffee shop and her house  where she feels well and by the fact I was feeling alright  too in her coffee shop. In the place, we still have time to talk to one another. Martine is a big fan of Johnny. “When I make coffee, here e is”, pointing to one of the pictures hanging on the walls. As far as she’s concerned, Johnny is a wonderful man and she would have liked to marry him. In fact, in the coffee shop, pictures, books and magazines on Johnny have as much importance as the pictures of her parents and her grand-daughter, Mathilde.

The bar decoration has nothing to envy to the bar of big cities. Because, at Martine’s, all is simple and authentic, welcoming. Postcards received over years, green plants, some tables with wax canvas and a table football and a billiard table, that’s all. The billiard table is for the billiard evenings that Martine organise from time to time, inviting her friends. Young people are asking for these evenings. Martine doesn’t know what she would do without Mathilde.

Martine: when Mathilde is not there, I can’t do anything,

Malthide : I help during those evenings, because people are very dishonest they take advantage of the fact she is alone to not pay.

I: there are not much country cafés left, isn’t-it too difficult, because there are not many customers?

Martine: There is almost nobody coming nowadays, maybe once a week, some customers during the week-end: “before, people came to play the 421 or the “ballote de comptoir” … and so  a round of drinks!”

I : since when people don’t come any longer ?

Martine: it started with the Euro. I love the job, but you need to be two.

I : these are your parents in the picture?

Martine:  in the picture, it is my mother; she was around 16 years old. She was married three times and had 13 children. When I was a child, I could not understand why dad was with another woman and mum with another man.

At the time, no questions were asked and above all we were not answered. Children did not have right to speak.

Malthide: Today, I am chocked by the kids, they are too rude; It isn’t pretty, in nobody’s mouth. They are not even respecting each other. (And still, Mathilde is only 22).

Mathilde stayed a long time with her grand-mother.

Martine : people said bad beyond my back (whispers)Mathilde: in coffee shops, everyone wants to mix up with your private life.

Laisser un commentaire Annuler la réponse.